Lorsqu’on parle d’innovation, les notions de technologie, de recherche et développement, de produits, services, sont celles qui viennent souvent en premier à l’esprit.
C’est en effet dans ces domaines là que la plupart des budgets et des efforts de recherche sont investis pour assurer le développement d’une entreprise, industrie ou services.
D’un côté, la technologie vise à produire des solutions techniques à des besoins spécifiques. Elle nécessite des expertises très ciblées et sectorisées, consacrées à la création de nouvelles solutions. Par définition la technologie fait référence au savoir scientifique et au savoir-faire.
L’innovation quant à elle, désigne un processus global qui peut inclure la création et l’utilisation de nouvelles technologies, des méthodes de travail nouvelles et aussi des manières de penser et d’utiliser les ressources disponibles.
Elle ne vise pas seulement à apporter une solution technique mais également à améliorer les procédures et l’organisation du travail, la stratégie de l’entreprise, la culture managériale, la capacité d’inventivité des personnes, la façon de coopérer, de décider, de gérer…
Lorsqu’elle devient culturelle dans une entreprise, elle est présente et se manifeste à chaque niveau, dans chaque service, chaque collaborateur. Elle met à l’honneur les compétences créatives à toutes les strates hiérarchiques, favorise et encourage la multiplicité et la diversité des idées qui sont envisagées comme de potentielles opportunités.
Ainsi que le formalise Patrice Henry, notre expert innovation chez Wakup, on peut distinguer 4 degrés d’innovation :
1 – L’innovation incrémentale qui consiste à apporter des améliorations à ce qui existe, sur un marché déjà connu. Exemple, les améliorations de performances sur les matériels informatiques.
2 – L’innovation perturbatrice ou architecturale qui modifie — sans remettre en cause la technologie ou les techniques existantes— la répartition des acteurs sur le “marché” en perturbant les équilibres en place. Exemple, les banques qui proposent des offres de téléphonie mobiles.
3 – L’innovation de rupture propose grâce à une avancée technologique d’améliorer ou de ne modifier que très légèrement les usages, sans forcément les remettre en cause. On parle d’ailleurs souvent de rupture technologique. Exemple, les voitures électriques qui ne changent pas les usages de mobilité mais font l’objet d’une technologie différente des moteurs thermiques.
4 – L’innovation radicale qui, provoquant un changement de paradigme, va sensiblement modifier les habitudes, voire provoquer une véritable “révolution” ! Exemple, le smartphone qui a radicalement modifié les usages et les modes de communication à l’instar de l’imprimerie ou de l’électricité.
Outre l’innovation incrémentale, les autres démarches s’appuient sur une façon de penser « out of the box » ou « Bullet train », une nouvelle façon d’envisager l’innovation, comme l’a découvert Jack Welch, Président du groupe General Electric de 1981 à 2001, lors de sa rencontre avec Mikawa, le Président de la filiale japonaise en 1993.
Mikawa appliquant le principe impulsé en 1958 par les directeurs de la Japan Railways et qui leur avait permis de créer le train le plus rapide du monde, réalisait avec ses équipes des performances impressionnantes.
Les ingénieurs de la Japan Railways ayant planché, à la demande du gouvernement japonais, sur le projet d’un train rapide pour relier Tokyo à Osaka, avaient dans un premier temps, suivant une démarche d’innovation incrémentale, conçu un train qui roulait à 100 km/h, vitesse prodigieuse à l’époque. Or, les directeurs de la compagnie rejetèrent le projet et leur donnèrent comme objectif la conception d’un train atteignant 200 km/h !
Objectif atteint ! En 1964, le Shinkansen, premier Train Grande Vitesse roulant à 200 km/h faisait le trajet en 3h10 contre 6h40 auparavant.
Pour réaliser un tel exploit les ingénieurs ont accepté de penser d’une manière totalement différente ce moyen de transport. Il fallait modifier les voies ferrées, construire de nouveaux parcours, créer des tunnels, concevoir des trains aux formes nouvelles, plus légers et aérodynamiques…
C’est grâce à cette façon de penser totalement différente, globale et systémique, qu’est née cette innovation qui a par la suite révolutionné mondialement le transport ferroviaire et les usages liés. D’où le terme de « Bullet Train » pour désigner cette façon de penser « Out of the box » qui ouvre la voie à des innovations transformatives, hors normes.
Selon ce principe, certaines entreprises appliquent cet « effet Shinkansen » en multipliant par 10 les objectifs qu’elles se fixent afin de cultiver une démarche d’innovation continue et d’entretenir la faculté de sortir des sentiers battus, confortables, certes, mais peu stimulant tant pour la créativité des équipes que la motivation et bien sûr la performance de l’entreprise.
Sources :
Jack Welch (« Ma vie de patron »)
Hector Garcia (« La méthode Ikigaï »)
Patrice Henry (« Les 4 degrés d’innovation »)
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