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Un entretien décadré
Une semaine plus tard, Alice arrive au rendez-vous convenu avec Nicolas dans les locaux du « LAB », d’anciens entrepôts réhabilités de manière ingénieuse, avec des matériaux simples, de grandes ouvertures sur l’extérieur et beaucoup de végétalisation. L’esprit “Atelier” qui avait dû animer les lieux par le passé était encore très présent.
Nicolas lui propose d’aller marcher dans un parc à proximité. Il fait beau, autant en profiter ! Très enjoué, il est déjà en route. Déconcertée, Alice lui emboite le pas.
Arrivés au parc, Nicolas engage la conversation :
“Alors, ce conte ?”
La magie du récit métaphorique
Alice s’apprête à sortir ses feuillets, une dizaine de pages dont elle est assez satisfaite. Elle s’est prise au jeu et a rédigé une histoire qui lui plaît bien.
“Non, non ! Pas la peine,” lui dit aussitôt Nicolas, “raconte-moi ce qui vient, comme ça vient.”
Déstabilisée tant par la demande que par le tutoiement immédiat, elle essaie de retrouver ses mots, mais c’est comme une poignée de sable qui glisserait entre ses doigts : plus elle se concentre et plus les mots s’échappent.
Par contraste, autour d’elle, la vie se déroule tranquillement, l’air est doux. Son attention est attirée par les enfants qui jouent, les personnes qui se promènent, d’autres qui discutent sur un banc, les arbres qui bruissent… Elle respire, ressent cette sérénité ambiante en cette matinée de printemps. Cela la lui rappelle ses souvenirs d’enfance et sa spontanéité d’alors.
Elle lâche un peu prise. Elle n’a rien à perdre, il ne s’agit que d’une expérience dont elle ignore encore l’enjeu, alors… si elle le vivait comme un jeu ?
Cette idée la rend plus légère, la libère de son besoin de perfection. Elle se lance, nourrissant le récit des idées clés de son conte qui lui reviennent et inspirée par ce qui se passe autour d’elle, ici et maintenant.
Nicolas écoute très attentivement, en auditeur captivé.
Lorsqu’Alice termine son récit, il observe un temps de silence avant de la questionner.
Mais rien à voir avec les questions des recruteurs qu’elle a eu l’occasion de rencontrer… Il se montre réellement curieux d’en savoir plus sur l’histoire qu’il vient d’entendre. Il s’y intéresse sincèrement comme si c’était LA véritable histoire d’Alice.
Elle se laisse embarquer dans l’improvisation.
Une heure plus tard, ils rentrent au « LAB ».
Alice propose à Nicolas de lui laisser son dossier — conte, CV, lettre de motivation… — qu’elle a pris soin de prendre avec elle.
” Inutile,” répond-il.
“Tu m’as partagé beaucoup plus de choses sur toi à travers ce récit métaphorique.
Bienvenue au « LAB » ! Vis ces 3 prochains mois comme un grand livre ouvert dans lequel tu peux plonger et naviguer au gré de tes envies et de ta curiosité. Ce sera à toi de remplir certaines pages, avec tes réflexions, tes ressentis, et tes expériences… Dès que tu auras commencé, tu sauras intuitivement comment faire. Je ne serai jamais loin et je suis curieux de connaître la suite de ton histoire.”
Malgré la bienveillance qui se dégage de ce premier contact, Alice est déroutée.
Le retour du critique intérieur
Plus tard, revenue chez elle, cette petite voix qu’elle connait trop bien lui susurre que ce n’est pas très concret, elle se dit que tout ça n’est pas très professionnel.
Elle se sent presque ridicule de s’être laissé embarquer dans cette histoire. C’est sûr, Elyse l’avait prévenue que l’entreprise était peu ordinaire…
Mais dans sa situation, c’est plutôt de conseils avertis dont elle a besoin pour s’en sortir. Ce n’est pas du rêve qu’il lui faut, c’est un bilan de compétences efficace… un expert qui lui donnera des indications concrètes sur la direction à prendre.
Au lieu de cela, on lui propose de développer sa créativité ! Elle ne voit pas très bien en quoi ça va l’aider ! Elle a déjà trop laissé filer le temps. Il faut qu’elle AVANCE.
Avancer ! Mais VERS QUOI et POUR-QUOI ?
Nicolas lui a proposé de démarrer son expérience au « LAB » dès la semaine prochaine, elle a quelques jours pour réfléchir…
Pour aller plus loin :
Le pouvoir du conte
Comment utiliser les métaphores ?